La complainte du sonnet

Orphelin privé de sujet,
Aux octosyllabes vacants,
Nul ne m'accorde son talent,
Je suis un bien triste sonnet.

Relique des siècles passés,
Je suis une forme sans fond,
L'oublié de l'inspiration,
Calliope m'a abandonné.

Emplissez-moi de synérèses,
D'assonances et de diérèses,
Redonnez voix à mes quatrains.

Faites revivre mes tercets,
Français ou élisabéthains,
C'est à vous que je m'en remets.


Alodis (23/01/2010)

Un texte qui devrait plaire à un petit prince qui se reconnaitra....
Jolie complainte d'un sonnet....que savent faire revivre les poétes...et sous ta plume il ne saurait pleurer mais prendre aise et emplir l'instant ...pour nous ravir
bisous Mademoiselle

Oh que j´imagine monsieur Ronsard d´âme enchantée par ce sonnet régulier en octosyllabes, préchant misère par sa richesse si près de ceux qu´il dédia à Hélène comme :

Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »

Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de « Ronsard » ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom, de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os ;
Par les ombres Myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour, et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

......... ou encore Mallarmé en sa réponse (1859 et d´éternelle beauté)

Ami, ton vers est gai comme un éclat de rire
Plus lutin qu'Esmeralde et d'airain comme Hugo!
Mais pourquoi tant d'encens à ma flûte en délire
Qui chante aux soirs d'orgie un vin pourpre et Margot?

J'adore la catin et son baiser m'inspire!
- Comme elle, en mes sonnets, je danse un fandango
C'est un verre qu'on vide et qu'on brise en beau sire
Après la soif, le soir, comme un vieil hidalgo!

Mais pour suivre le Maître et ravir l'étincelle
Aux astres, c'est à toi d'étendre ta jeune aile,
De parcourir son vol que sillonne l'éclair!

Moi, j'imite en ses jeux la verte demoiselle.
Je vais de folle en folle, agitant ma crécelle
Bohème est ma patrie! à toi le ciel et l'air!

Il est de bien beaux moments où s´incliner n´est que bonheur. Bravo à vous et Merci !

Ceux-ci, à juste raison, ont traversé les siècles et en traverseront encore !

Et même en lâchant cet encombrant lest de rimes féminines et masculines, ici, nous tentons à grand peine de suivre les pas des maîtres pionniers... Que de distance nous en sépare !!

Plaisante complainte et bien joli hommage.

Le Gardien

Un style qui s'apprécie. J'aime beaucoup ton écrit, je regrette juste un peu le manque de fluidité des vers mais il est vrai que travailler un écrit risque de "déformer" le message que l'on souhaite faire passer. D'autant que le sonnet n'est pas une forme aisée, pour ma part en tout cas.
En tout cas, une plume prometteuse que je reviendrais lire avec un grand plaisir !
Bisous à toi !
... Amélie...

Ame...Elle...Lie... a écrit:

Un style qui s'apprécie. J'aime beaucoup ton écrit, je regrette juste un peu le manque de fluidité des vers mais il est vrai que travailler un écrit risque de "déformer" le message que l'on souhaite faire passer. D'autant que le sonnet n'est pas une forme aisée, pour ma part en tout cas.
En tout cas, une plume prometteuse que je reviendrais lire avec un grand plaisir !
Bisous à toi !
... Amélie...

Merci Amélie pour ton appréciation et plus encore pour ta critique que je vais prendre en considération. C'est vrai qu'il n'y a pas de "rythme", maintenant que je le relis...
En tout cas, n'hésite pas à pointer ce qui dit être corrigé, cela me sera précieux !!

Bien à toi

Ame...Elle...Lie... a écrit:

Un style qui s'apprécie. J'aime beaucoup ton écrit, je regrette juste un peu le manque de fluidité des vers mais il est vrai que travailler un écrit risque de "déformer" le message que l'on souhaite faire passer. D'autant que le sonnet n'est pas une forme aisée, pour ma part en tout cas.
En tout cas, une plume prometteuse que je reviendrais lire avec un grand plaisir !
Bisous à toi !
... Amélie...

Ahhh ma Maikresse !!! je te retrouve bien là !!!

Arg, ai fait une fausse manip et me voilà obligée de retaper mon comm'... pauvre de moi...

Pour commencer, je ne dis pas que ton poème n'a pas de rythme, je dis juste qu'il manque de fluidité.
Bien entendu, cela ne concerne que mon opinion et ne remet pas en cause ton style.
Tes octosyllabes sont respectés, exceptés dans les deux verts suivants :
"Calliope m'a abandonné."
"D'assonances et de diérèses,"
Ces deux verts comptent neuf pieds.
De plus, je pense que la césure à l'hémistiche aide à la fluidité en donnant un rythme régulier à l'écrit. Bien entendu, on peut "casser" ce rythme pour "appuyer" un passage. Un changement de rythme oblige souvent le lecteur à relire le vers en question (va savoir pourquoi ).
Je ne dis pas que la césure est obligatoire, attention, certains arrivent parfaitement à s'en passer.
Enfin valà, c'est à peu près ce que j'avais écrit dans mon comm effacé maladroitement
Bisous !

PS : Alan pourrait te dire l'enfer que je lui ai fait subir en lui apprenant à compter ses pieds Rires !

Ame...Elle...Lie... a écrit:

Arg, ai fait une fausse manip et me voilà obligée de retaper mon comm'... pauvre de moi...

Pour commencer, je ne dis pas que ton poème n'a pas de rythme, je dis juste qu'il manque de fluidité.
Bien entendu, cela ne concerne que mon opinion et ne remet pas en cause ton style.
Tes octosyllabes sont respectés, exceptés dans les deux verts suivants :
"Calliope m'a abandonné."
"D'assonances et de diérèses,"
Ces deux verts comptent neuf pieds.
De plus, je pense que la césure à l'hémistiche aide à la fluidité en donnant un rythme régulier à l'écrit. Bien entendu, on peut "casser" ce rythme pour "appuyer" un passage. Un changement de rythme oblige souvent le lecteur à relire le vers en question (va savoir pourquoi ).
Je ne dis pas que la césure est obligatoire, attention, certains arrivent parfaitement à s'en passer.
Enfin valà, c'est à peu près ce que j'avais écrit dans mon comm effacé maladroitement
Bisous !

PS : Alan pourrait te dire l'enfer que je lui ai fait subir en lui apprenant à compter ses pieds Rires !

Je confirme qu'Amelie est une délicieuse maitresse qui m'a fait vivre un enfer inoubliable de plasir (poétique).

Bisousss de ton élève mon Moi !!!

Ton AL

Ame...Elle...Lie... a écrit:

Arg, ai fait une fausse manip et me voilà obligée de retaper mon comm'... pauvre de moi...

Pour commencer, je ne dis pas que ton poème n'a pas de rythme, je dis juste qu'il manque de fluidité.
Bien entendu, cela ne concerne que mon opinion et ne remet pas en cause ton style.
Tes octosyllabes sont respectés, exceptés dans les deux verts suivants :
"Calliope m'a abandonné."
"D'assonances et de diérèses,"
Ces deux verts comptent neuf pieds.
De plus, je pense que la césure à l'hémistiche aide à la fluidité en donnant un rythme régulier à l'écrit. Bien entendu, on peut "casser" ce rythme pour "appuyer" un passage. Un changement de rythme oblige souvent le lecteur à relire le vers en question (va savoir pourquoi ).
Je ne dis pas que la césure est obligatoire, attention, certains arrivent parfaitement à s'en passer.
Enfin valà, c'est à peu près ce que j'avais écrit dans mon comm effacé maladroitement
Bisous !

PS : Alan pourrait te dire l'enfer que je lui ai fait subir en lui apprenant à compter ses pieds Rires !

Amélie, merci pour ces précisions !

ouh là là, va falloir que j'achète plein de bouquins sur la poésie parce que mes vagues notions ne vont pas suffire !!
Et un manuel de maths aussi pour m'apprendre à compter... La vache, je suis mal barrée !!!

ça a sûrement l'air bête comme question, mais dis-moi comment tu comptes les pieds parce que pour moi, j'en avais bien 8 partout, mais peut-être que je m'arrangeais un peu avec la phonétique :

J'ai compté ainsi :
Ca-lio-peu-m'a-a-ban-do-né (avec une synérèse)
et
da-sso-nan-cé-deu-di-é-rèz (avec une diérèse)

Devait-on faire la liaison "d'assonanceu zé de diérèses" pour suivre la règle stricte ?

Pour la césure, je vois. C'est déjà ça de moins à expliquer !!
Et puis mister Gardien a l'air d'avoir survécu alors je suis prête à recevoir tes leçons !!!

Et je savais pas qu'Al était un mille patte au point de ne pas pouvoir compter ses pieds lui même !

Je réitère mon premier commentaire et y ajoute ceci :

Un sonnet (de l'italien sonnetto ou sonetto aujourd'hui[1]) est une forme de poème comportant quatorze vers dont la répartition typographique peut varier — deux quatrains et deux tercets ou un seul sizain final par exemple — et dont le schéma des rimes varie également, soit librement soit en suivant des dispositions régulières. La longueur du vers n'est pas fixe en français.

D'ordinaire l'on distingue parmi les sonnets réguliers les « français », « italiens » et « élisabéthains » ou « shakespeariens ». La régularité de la distribution des rimes suivant des formes codifiées n'est pas une condition nécessaire pour que l'on puisse parler de « sonnet », mais l'est évidemment pour parler de « sonnet régulier ».

*Merci Wikipédia.

Amitié poétique

Alors pour le vers "Ca-lio-pe-m'a-a-ban-do-né" je compte 8 aussi, mais j'ai encore beaucoup de mal à compter également du coup je le fais pas souvent . Peut-être plutôt "Ca-li-o-pe-m'a-a-ban-do-né"??? Enfin Amel va te le dire.

En tout cas j'ai beaucoup aimé ton texte! L'+accumulation de tout ce vocabulaire poétique est bien sympathique, tout ça dans un sonnet en plus..

Oui, je compte à l'oreille moi, et souvent je zappe des liaisons ou des "e" avant des consonnes sinon je trouve la lecture bancale... Mais c'est mal, très mal de faire ça !!

Alors j'attends impatiemment la solution de l'énigme avec Amel !

Heureusement, Kendor me sauve la mise en disant qu'un sonnet n'est pas obligatoirement régulier !!

"Ca-lli-o-pe- m'a- a-ban-don-né." 9 pieds
"D'a-sso-nan-ces- et- de- di-é-rè-(ses)," 9 pieds (le -e en fin de vers ne compte pas.
pour appliquer une synérèse, il faut vérifier l'éthymologie du mot. Si à l'origine le mot comptait déjà deux voyelles côte à côte, tu n'as pas le droit de prononcer en synérèse comme c'est le cas pour ces deux mots en question. Diérèse vient du latin "dioeresis" et Calliope vient du grec"kalliopé". La synérèse ne s'applique donc pas ici, il faut les prononcer en diérèse.
J'espère avoir été claire car ça parait toujours évident quand on sait de quoi on parle
Au besoin, n'hésite pas à me redemander.
Bisous !!
...Amélie...

Passionnant dilème, chez moi, le E en fin est toujours inclus parce que c´est même pour cela qu´il fut mit au mot (le bienvenu n´étant pas la bienvenue). Sans doute ai-je tort mais est-ce important durant que le poète a toujours raison ? Si le solfège est un guide, l´harmonie vient d´ailleurs c´est tout le soucis de l´esprit des lois n´est-ce pas monsieur de Montesquieu ?... Et ce n´est pas Saliéri qui fut magie mais cet inconnu trublion qu´on appelle Mozart je crois.
Poétiques amitiés à la maîtresse et à sa prodige élève.

Amélie, ok, je vois, je suis pas sortie de l'auberge s'il faut que je me remette au latin et au grec... et encore, j'ai jamais fait de grec !

Nouvelle règle de mon oulipo : ne plus jamais utiliser de mots avec 2 voyelles juxtaposées !!!

Mais merci beaucoup de ces précisions pour la béotienne que je suis.

C'est vrai qu'il faut des règles en toutes choses, mais savoir les contourner est un art (merci Kendor !), encore faut-il avoir assez de talent pour le faire... N'est pas Mozart qui veut, ni même Saliéri d'ailleurs !!!

Rires ! Je te rassure, je n'ai jamais fait de grec ou de latin, je vérifie à chaque fois, simplement. Et comme le cas ne se présente pas tout le temps, ce n'est pas vraiment fastidieux.
Je reprends le comm de Kendor au passage, le "e" se prononce en fin de vers, c'est juste qu'il ne compte pas pour un pied. Rires.
Bisous à tous !
... Amélie...
(ou la chiante compteuse de pied)

Bé non Ame...Elle... Lie pas chiante, juste convaincue et surtout respectable, mais acceptez que pour moi ce qui se compte, compte (extension du pied à l´iambe etc, etc... ceci est loin d´être simple mais ne se doit de l´être) et que l´harmonie de ce qui est déclamé vaille tout ce que l´on quantifie mais cela dit j´aime les personnes qui comme vous veillent à la bonne graine de notre poésie car douter c´est quêter le mieux.

Bon, le "e" en fin de vers, j'en fais mon affaire. C'est un pas une vulgaire voyelle qui va me ruiner mon inspiration quand même ?!

Non, parce que là, je suis au bord de la rupture d'anévrisme :
C'EST QUOI LE PIED A L'IAMBE ???