Jardin des chances... (Alodis & Le gardien)

Jardin des chances…


Je flânais dans l’allée, midi ensoleillé
D’un beau jardin planté, Seine-Université
Quand mon regard perdu se leva sur le sien
Qui cherchait éperdu certainement quelqu’un

Au doux parfum des roses, je faisais une pause,
Déjeuner sur un banc, 13ème arrondissement,
L'écho du chant des loups, derrière les palissades
Me prévint tout à coup d'indiscrètes œillades.

Une poussière à mon œil venait de s’inviter
Sans demander qu’il veuille à son insu cligner
Alors pour l’apparence je mimais la folie
Ignorant l’importance de son minois joli

Risette sur mes lèvres s'en vint gambader
Répondant complice à mon regard amusé
Glissant en coin vers ce maladroit malandrin
Chapardeur de sourires gentiment importun.

Voilà qu’elle me sourit en plus de me mater
Mais me croit-elle conquit ? je n’ai que regardé
Faut dire qu’elle est jolie au-delà de tous mots
Et cette raison suffit pour que je fasse l’idiot

Oh, le coquin insiste à me dévisager
De ces yeux d'azur, soit, mais un peu cinglés
Croit-il jouer avec la clé de mon cœur
Quand mon sourire n'était autre que moqueur

Mais que pense-t-elle de moi ? Me prend-elle pour un fou ?
Et son sourire narquois ? Me croit-elle à genoux ?
Je devrais l’ignorer et suivre mon chemin
Pour une d’égarée j’en trouverais dix demain

Il me semble indécis, ce bougre de clown,
Une ou deux plaisanteries, et puis s'en retourne...
Moi qui ne voyais rien qu'un craquant nounours,
Je le jetterais bien dans la fosse aux ours !

Un dernier sourire aux yeux de la belle
J’imagine le pire d’une moquerie telle
Que je devrais prendre mes jambes à mon cou
Si elle n’est point tendre et ce jusqu’au bout

Se joue-t-il de moi, veut-il me faire fondre ?
Ses espiègles fossettes m'amusent pourtant...
Serait-il raisonnable de lui répondre ?
Et de prendre le risque d'un pas en avant ?

Tien son visage change, il semble s’adoucir
Le sourire s’arrange moins moqueur au pire
Je vois dans ses yeux comme une pitié
Qui se veut aveux, que je ne souhaitais

Oh, la barbe à la fin de ce manège
Un pas en avant deux pas en arrière
Veut-il tout, ne veut-il rien, que sais-je ?
La ménagerie saura mieux me distraire !

Demi-tour sur ces talons plus aucun regard pour moi
Ca ne sent vraiment rien d’bon j’ai foiré encore une fois
Je vais me faire une raison et revenir sur mes pas
Et lui demander pardon mais déjà elle presse le pas

Dans la galerie de l'évolution
Z'ont oublié ce spécimen
Qui chasse sa proie à reculons,
Il tient vraiment du phénomène !

Il reste à me rentrer mains dans les poches, penaud
A nouveau m’enfermer le rêve était trop beau
Ne pas se retourner, je me le suis promis
Une occasion de gâchée ne veut pas dire une vie

Après tout, carpe diem est une belle devise
Pourquoi donc ne pas saisir l'instant présent,
Car ce curieux jeu de séduction me grise
Ceci dit, y gagnerai-je pour autant ?

Encore quelques minutes avant de la quitter
Mais mon esprit en lutte me dit qu’il faut rester
Et si je la ratais et qu’elle m’était promise
Qu’une fois ma destinée de chance se déguise

Je vais saisir la chance car il est en ces lieux
Myriades d'espèces trop tôt disparues
Que je ne voudrais que meure sous mes yeux
Cette idylle naissante tellement incongrue !

Et si sur mes talons d'un coup me retournais
Pour lui offrir le son de ma voix chavirée
Juste lui dire bonjour et l'approcher de près
Voir ses yeux de velours, pourquoi pas la toucher

Tant pis s'il me prend pour une fille facile,
Fonction cerveau en stand by, je fais volte face,
Et ma bouche en coeur prépare un "bonjour" fébrile
Mais nos voix se heurtent en un ensemble cocasse !

Nous rions en duo, regards se noient enfin
J’hypnotise à nouveau de mes yeux dans les siens
Ne pouvant plus parler ma main lui montre un banc
Espérant me poser avec elle pour longtemps

Deux saphirs égarés en terre de soleil,
Son regard me trouble en son joli teint bronzé,
Sa voix sera-t-elle musique à mes oreilles...
Suis-je en manque à ce point, de me prendre à rêver ?!

Mais à cette raison se rappel ma promesse
Celle de savoir dire non à ces doux cœurs en liesse
A l’appel des sirènes qui veulent m’emporter
Je préfère le ressac et sur la plage m’échouer

Je m'assois sur ce banc mais voilà qu'il s'en va,
Les chaises musicales de sont plus de nos âges...
J'ai retrouvé la case départ, j'y crois pas,
Il se tire et m'abandonne en plein naufrage !!

Elle ne perd vraiment rien au détour de mes yeux
Je ne suis que vaurien à rendre un cœur heureux
Je ne suis point cet homme sur qui on peu compter
Juste une bête de somme de fardeaux à porter

Un air de fin du monde accable sa trombine,
D'anciens souvenirs qui l'assaillent, j'imagine,
Mais je suis papillon d'une courte journée
Et m'est refusé le temps de m'attarder.

Je reviendrais un jour, à ce jardin d’Eden
Me perdre en troubadour à une douce sirène
Peut-être qu’elle sera là, dans l’envie d’un bonheur
Je ne l’oublierais pas et vaincrais cette peur

Dis-moi, te souviens-tu, cet autre jour d'automne
Quand les pleurs glacés d'un ciel monotone
Nous ont réunis à l'ombre des arbres nus
Offrant à notre histoire sa chance de salut ?

Alodis & Le Gardien