Un gamin enjoué, les deux mains en poche
Rencontre un sage comme l´ Afrique en conte.
Le sourire aux dents, de lui il s´approche
Certain que le vieux sait ce qu´il raconte.
« Bonjour homme au savoir ! Puis-je te déranger ?
J´ai mille questions qui demandent leur réponse ».
« Salut doux visage d´avenir, je ne puis m´arroger
Le savoir prétendu mais à te parler je ne renonce,
Essayons toujours et voyons où cela mène
Et peut-être bien que cela nous apprendra. »
L´enfant s´assoit et sur l´ancien il promène
Ce long et fasciné regard du qui vivra verra.
« Toi qui en as tant vu déjà, qu´est donc cette vie ?
Rien que faim et douleurs pour quelques rires à peine » ?
« Réflexion intéressante petit et qui me donne envie
D´y bien réfléchir comme se narre la condition humaine.
L´œuvre du bon Dieu créateur nous diront ses croyants
Mais la réponse ainsi est sans consistance et ne suffit,
Tout comme si je disais qu´elle est ces verdoyants
Espaces où meurt la gazelle et où le lion rugit.
Elle me serait plutôt vois-tu, cette éternité
Qui, un moment, serait mise entre parenthèses
Et que je nommerai alors ce temps d´humanité
Qu´offre l´univers tel un lever du jour au Zambèze ».
L´enfant s´émerveille, ce vieillard est poète
Et lui n´a jamais lu mot de ceux qu´il boit là.
Son âme lui semble alors aller au fleuve d´un vol d´alouette
Et ce qu´il vit de tout là-haut le porte loin de Douala.
« Oui ! Et j´imagine dans les parenthèses qu´à ma vie soient mis
Ces guillemets dont paraît-il on habille les conversations
Qu´elle devienne ainsi le temps de ce dialogue promis
A la postérité des peuples dont l´amour serait seule nation ».
Le vieux sage s´enchante, quatre-vingt ans, il pleure sous le charme,
Tout n´est donc pas perdu ! Il ne doute plus mais envisage
Et sait enfin ce bonheur à verser de joie une larme.
Sa main ne tremble plus et caresse de l´enfant le visage.
« Tu voulais mille réponses et te voilà qui m´enseignes
Qu´entre les parenthèses n´est que l´ inutile d´avant
Et après la vie, que si l´homme parfois geint ou saigne
Puis s´éteint, ce n´est guère important s´il part en rêvant
Qu´est éternité cet amour qu´il puise et reçoit.
Un jour je m´en irai te cédant ma place, que se prolonge
Ce vœu que nous approchons, qu´en tes yeux j´aperçois
M´assurant qu´en eux se précise du bonheur le songe ».
Ils se séparent comme les siècles se saluent,
L´enfant au Zambèze quand le soleil semble tout près
Le vieillard à demain en l´ultime de l´ heure absolue
Où la mort viendra lui demandant : « es-tu prêt » ?
Moralité :
Que tu sois de nulle-part, Douala ou d´ailleurs
Vieillissant et inquiet, qu´un môme t´interpelle,
Puise en lui toi aussi ce qu´il est de meilleur
Et qui fait malgré tout que la vie est si belle,
La seule vérité que montre cette innocence
Chez l´enfant venu chercher et qui te fait savoir
Qu´il est de ce qui part toute la renaissance,
Venu que tu y seras, presque, te dire au-revoir.
Tadamadon