La poussière aux sabots et l´écume aux naseaux,
Le regard affolé, mille chevaux surgissent,
S´agrippent à leurs flancs étriers et houseaux.
Le sol rend son écho aux bêtes qui hennissent.
Le sang coule, mon oncle, sous ma vaine cuirasse
Les Vascons m´ attendaient pour une mise à mort,
Ce doux soir de quinze août, ne m´accordant la grâce
Que d´un ultime râle perdu au fond d´un cor.
Ironie du sort, je ne fus qu´un pillard,
Mais aux livres d´école, pour l´ample descendance
Je serai un héros et vous tendre vieillard
A la barbe fleurie, plein de condescendance.
Sur Bayard le fidèle, au fier sabot d´airain,
J´ai occis l´innocent, aimé tant les chevaux !
Lui périra par vous, noyé au fond du Rhin,
Je meurs à Orria, pas même à Roncevaux.
Je demande pardon aux gens de Pampelune,
Car l´inexactitude dont se pare l´histoire
Fait mon âme fuyante bien pâle sous la lune,
Moi lâche et sans honneur jusqu´à ce triste soir.
J´ai l´insigne regret d´être de votre rang,
Ma barbare noblesse quitte à présent mes veines
Et, au loin de ma tombe, déjà l´esprit errant
S´en vient à vos remords chanter regrets et peines.
Tadamadon