Dyane Modératrice
Nombre de messages : 3922 Localisation : Le Pays des Ducs de Bourgogne Loisirs : Poésie-photo-tir à l'arc-danse-sculpture-tout ce qui touche à la nature et au partage Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: J'ai déboutonné ma vie (9) Dim 15 Juil - 17:53 | |
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Du doigt, il lui indiqua le chemin. Il se déplaçait sans canne, ses pas étaient sûrs. Au virage suivant, il suivit un petit sentier qui s’enfuyait dans les buissons, sous les arbres, si bien qu’on ne pouvait en deviner la destination. Comme elle marquait un moment d’hésitation. Il lui adressa un large sourire et lui tendit la main.
C’est ainsi qu’ils disparurent dans la futaie. Le chemin n’avait pas été, sans aucun doute, emprunté depuis un moment. Les ronces et les orties avaient occupé l’espace. De nouveau, elle s’étonna que ses pieds ne la fassent pas souffrir.
Une ou deux fois, des toiles d’araignée vinrent se plaquer sur son visage, lui faisant faire de belles grimaces et à lui de petits gloussements. Oui, il voyait mieux qu’elle ! Elle en avait la certitude.
La lumière se fit plus vive, signe qu’ils sortiraient bientôt des buissons.
Il lui fit face, passa ses doigts sur ses yeux pour les lui fermer et reprit sa main.
Il n’avait pas besoin de mots pour se faire comprendre et c’était comme si ces deux-là s’étaient toujours connus.
Il la guidait maintenant sur un chemin qui sous ses pieds était plus souple, herbu, confortable. Elle sentait le soleil sur ses épaules.
Il s’arrêta, effleura son oreille gauche. Elle, debout, écoutait. Tous les sons lui arrivaient, les uns après les autres, individuellement et séparément, sans jamais se superposer. Les criquets, le vent dans les branches, les beuglements au loin, la rivière qui chantait, un bruissement d’ailes, le craquement des arbres, des chants d’oiseaux, puis au lointain une cloche, et puis des sons qui marquèrent assurément l’étonnement à son visage…Elle sentit la pression des doigts du vieil homme, comme pour lui dire, « tu as bien entendu…Continue, écoute… ». Elle entendit les bruits d’une cours de récréation, la longue sirène d’un bateau qui quitte le port, des pas dans un escalier, les aboiements d’un chien, des talons aiguilles sur un plancher, les rires d’un enfant, une chanson, des sanglots et des cris, un poème déclamé dans un profond silence, et puis des voix.. De nombreuses voix qui se croisaient sans vraiment se parler mais dont les timbres et- accents ne lui étaient pas inconnus.
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