Dyane Modératrice
Nombre de messages : 3922 Localisation : Le Pays des Ducs de Bourgogne Loisirs : Poésie-photo-tir à l'arc-danse-sculpture-tout ce qui touche à la nature et au partage Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: J'ai déboutonné ma vie (13) Ven 27 Juil - 18:49 | |
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Ne la laissant pas à son trouble, il la guida aussitôt dans une autre maison. Il y avait là des dessins, des peintures, des sculptures, des poèmes, des photographies…Un véritable musée et là encore, elle ne se découvrait pas étrangère aux objets qui représentaient des scènes de vie, d’Histoire avec un grand H. Il y avait rassemblé là, la vie, la mort, des naissances, des guerres, des combats, des femmes, des lunes….et même des partitions et des paroles de vieilles chansons…La mémoire d’un village ? D’une famille ?
Frôlant les objets, elle entendait comme en sourdine tous les sons , les musiques associés à ceux-ci , au fur et à mesure que son regard les effleurait…Elle s’en amusa passant du bruit des canons à une chanson d’amour puis revenant aux canons puis à l’amour. Quel était cet étrange pouvoir, qui de plus, y associait maintenant l’odeur de la poudre et de la rose, de ses narines à son palais…
Elle se retourna pour questionner le vieil homme mais il n’était plus là.
Elle se précipita hors de la maison et avec soulagement le vit au bout de la ruelle qui lui faisait signe de le rejoindre.
Il y a à peine une minute des centaines de questions l’assaillaient et pourtant c’est désormais dans un profond silence qu’elle emboitait son pas. Il marchait à bonne allure comme pressé par le temps. Le temps…C’est étrange car il n’avait ici aucun sens..
Le chemin serpentait entre les maisons et elle pouvait déjà apercevoir en contre bas un immense verger. Lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur des arbres, il lui fit face. Il avait l’air si grave. L’instant paraissait si solennel, qu’il ne lui serait pas venu à l’idée de le précéder, ni même de faire un geste. Leurs yeux ne se quittaient plus. Elle se sentit soudain comme nue, comme si il lisait en elle jusqu’au plus profond de ses entrailles. Elle se sentait passer du rouge au blanc et tout son corps vibrait de frissons sans qu’elle ne put réellement dire, s’ils étaient ou non agréables.
Il lui tourna le dos et avança très lentement entre les arbres. C’étaient des pommiers, pas très hauts et forts bien alignés. Les premiers rangs ne la surprirent pas. Les arbres portaient des fruits qui commençaient à se colorer mais pas encore à maturité. Les rangs suivants semblaient eux au printemps, arborant de magnifiques grappes de fleurs aux fines étamines sur lesquelles butinaient des abeilles les pattes gorgées de pollen. Au fond du verger, les arbres dépouillés de leurs feuilles qui jonchaient le sol, affichaient leurs squelettes noirs aux branches noueuses.
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