Compte à rebours avant la fin du monde terminé.

Compte à rebours avant la fin du monde terminé.

Certains décomptent encore les jours : les durs de durs qui attendent encore un peu, les pessimistes qui se nourrissent du pire parce que les Mayas, si forts qu’ils aient pu être, ont pu se tromper d’une virgule. Bon, ne leur faisons pas grief de leur entêtement ; ils sont assez dépités et c’est déjà une terrible frustration car ils croyaient dur comme fer à cet évènement unique ; et pour peu qu’ils se soient vus parmi l’élite là-haut au sommet du pic, vous imaginez un peu leur déception.

Moi, je ne me considère pas comme chanceux, alors j’ai attendu stoïquement sous la pluie qui, elle, était bien présente au rendez-vous. C’est vrai : je ne suis pas né de la dernière.

Donc nous sommes encore tous là, mis à part quelques –uns qui par nature se sont éteints vu leur grand âge, et d’autres qu’on retrouve aujourd’hui à la rubrique des chats écrasés. La vie, l’amour, la mort, et là on sait que ça nous pend au nez n’est-ce pas ? Ce n’est pas que nous ayons accepté le deal de gaieté de cœur, mais nous avons lu les termes du contrat et nous nous sommes familiarisés avec la perplexité dans laquelle il nous tient. Nota bene : il revient à chacun la responsabilité de vivre pleinement un temps donné- quand bien même, il est indéfini- dans le partage et dans l’ordre qui commence par soi-même, d’éviter les périphériques désastreux en logeant rue de la joie : celle qui donne directement sur la rue du repos, à laquelle on accède en poussant la grille qui grince autant que l’attente de la résurrection des gisants. Paix à leur âme.

Nous sommes nombreux à avoir joué les Saint Thomas, à avoir douté et même repoussé l’idée saugrenue de la fin du monde. La précision, voyez-vous, ne rend jamais service à ce qui reste mystérieux depuis toujours. L’intime conviction ne suffit pas. La foi seule soutient certaines idées dans l’entendement et aident les croyants à supporter plus de souffrances que de jouissances.

Allez, au fond, les jeux et autres loteries offrent plus de perspectives et attisent la ferveur d’une grande partie des populations : une chance sur des millions, reste possible et bien réelle. Parce que nous connaissons les règles du jeu et que nous voyons les gagnants en chair et en os, tant qu’ils ne choisissent pas l’anonymat. Personnellement, je n’ai joué que deux ou trois fois en cinquante cinq ans et j’ai gagné deux fois : une vraie misère. Alors j’ai stoppé tout net : je ne suis pas un gagne-petit. Je ne demande rien, je n’investis rien, je n’attends rien, la vie est à elle seule un gros lot malgré les dents qui font mal quand elles poussent, la rougeole, et toutes ces autres maladies qui « font bobo »… Et donc, je n’attends pas de récompense, je goûte l’instant comme s’il pouvait être le dernier. D’ailleurs, rappelez-vous « les derniers seront les premiers. ». Entendons-nous bien, ce n’est pas une raison suffisante pour laisser passer son tour, mais pas non plus pour s’y précipiter.

Voilà, venu le temps des applaudissements entre rescapés d’une catastrophe imaginaire ! Au fond, hier c’était le premier jour de l’hiver, le plus long, alors ne dites pas que vous n’avez rien vécu d’extraordinaire.

Voici bientôt noël 2012, allez dans les campagnes où chantent les anges : « un enfant nous est né ». Bonnes fêtes à vous tous.

Pierre WATTEBLED- 22 décembre 2012.