Les chemins sauvages

Je partais sur les chemins sauvages
Les couleurs du printemps
Me crevaient les yeux
Les merles impatients
Me contaient railleries et outrages
Du temps capricieux

Et je chantais parfois
Et je riais parfois
Et je sautais souvent
Le nez ouvert aux vents

Mais je me souvenais
De tous ces chemins
Que je n'avais pas pris
De toutes ces voix
Que j'avais oubliées
De tous ces seins turbulents
Qui m'avaient croisé
Indifférents
Je me souvenais
Des murs qui n'étaient plus
Je me souvenais de la forte musique des forges
Des sirènes qui chantaient tous les soirs à cinq heures
De l'odeur du fer chaud
Qui me coule encore dans les veines
Du cri des mitrailleuses
Qui déchiraient les ventres et le soir
Des larmes des mères abandonnées
Il y avait de beaux oiseaux
Qui passaient dans le ciel
Lestés de rêves
Des canards des grues des oies
Qui criaient qui criaient
Et je marchais
En trébuchant
Le long des murs gris
Des casernes tristes
Et parfois un chant
Et parfois une phrase
Et parfois un mot
Me revenait
Et tournait en rond
Dans ma tête

Qu'étaient-ils donc tous devenus
Que sont mes mots devenus

Trop de tristesse à dire
Trop de rêves à raconter
Trop d'espoirs à peindre encore
Je suis allé au bureau des espoirs retrouvés
Personne n'y avait ramené mes rêves

Alors je suis reparti sur les chemins sauvages
Là où les merles
Là où les outrages
Là où le temps
Et je chante
Et je ris
Et je saute encore le nez aux vents
Mais dans ma tête
Dans ma tête seulement.

Invité

Quand nous chanterons le temps des ceries...
J'y vois plein de parrallèles

Pffffffffffffffffff Serge....j'aime, j'aime....j'aimerais les suivre un jour tes chemins sauvages en vrai ou pas
bisous mon ti poete que je sens bien écorché.....t'envoie un sourire

Je ne pensais pas du tout au temps des cerises, lorsque j'ai écrit ce texte. Mais j'ai vécu toute mon enfance dans la rue Jean-Baptiste Clément, à Charleville. Et "le temps des cerises" a toute une histoire dans ma famille mais ce n'est pas le lieu de la raconter. Alors l'inconscient fait peut être le reste !
Oui, Dyane, viens ! Je t'emmène sur mes chemins sauvages. Il y a encore des recoins que je ne t'ai pas racontés.

C'est un texte qui se chante, au moins au début. Puis il proteste de ne pouvoir retenir le vent entre ses doigts: les souvenirs eux-mêmes se perdent à caresser les chemins sauvages. Ce poème prend conscience: tout se passe dans la tête. La sincérité y est palpable. Heureux de vous avoir lu.
Cordialement.

Pierre WATTEBLED

Une chanson bien triste mais pleine d'espoir... des espoirs en prose... une pause avant de partir au loin, sur les chemins, avenir bordé de platanes.

Phil

Merci, Pierre de m'avoir lu et apprécié. Philco, là où tu vois des platanes, j'imaginais chênes, ormes et autres charmes. Comme quoi mes mots n'étaient pas à la hauteur des images que j'avais dans la tête. Mais les platanes sont des beaux arbres aussi.

Je t'offre bien volontiers mes rêves ... ils ne m'ont jamais encore abandonnés.

Rêves bien reçus, Corry. Tu as de la chance, toi, d'avoir des rêves fidèles.... Les miens sont tellement imprévisibles... ils volent, s'envolent.... chantent parfois, mais reviennent toujours un jour ou l'autre.

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