Sur une étendue d’eau dormante
Flottait une frêle brindille
Avec à bord une charmante
Chenille.
Non loin de là, scène cocasse,
(S’approchait-il pour roucouler ?)
Un têtard apprenait la brasse
Coulée.
La vie, de coups du sort fourmille.
Une brise de forte taille
Fit découvrir à la chenille
La baille.
Croyez-vous donc qu’elle coula ?
Non ! Têtard attrapa chenille.
Et les voici tous deux sur la
Brindille.
La vie, parfois, est une fleur.
C’est ainsi qu’un amour splendide
Enflamma les deux jeunes cœurs
Candides.
Ils s’aimèrent en abondance
Ignorant leur métamorphose
Future… et buvant la fragrance
De rose.
…
Le temps passa, morne, inflexible,
Et fit le mal que l’on redoute…
Cela était fort prévisible ?
Sans doute…
…
Un papillon, par un beau jour,
Volait au-dessus de l’étang,
Cherchant, le cœur gros, son amour
D’antan.
Il questionna faune et puis flore
Invoquant même le divin,
Mais fit cette somme d’efforts
En vain.
Soudain il aperçut, pensive,
Verte, mélancolique et lasse,
Une grenouille sur la rive
D’en face.
Le papillon reprit espoir :
« Elle connaît tous les secrets
De l’étang et devrait pouvoir
M’aider ! »
Après avoir survolé l’eau
L’innocent papillon, naïf,
Entendit le chant d’un sanglot :
« Snif… snif… »
« Mais pourquoi pleurez-vous ainsi ? »
Interrogea-t-il… quand soudain !
Il se tut… La raison ? Voici :
L’instinct !
Par la grenouille déployée
Une langue vive et alerte
Vint, sans remord aucun, causer
Sa perte !
En mâchant le lépidoptère
La grenouille pleurait toujours,
Des larmes froides et amères…
D’amour.
Elle pleurait une chenille
Rencontrée quelques temps plus tôt
A bord d’une frêle brindille
Sur l’eau.
…
Peut-on mourir d’amour ? Qui sait…
La grenouille en est presque sûre…
Et le papillon doit penser :
« Bien sûr ! »