Vous ne m'avez pas tué

Accrochés à ses pieds
Les fers se faisaient lourds
Si lourds.

A chaque cordage franchi
La douleur se ravivait
Et dans un long soupir
Il enfermait sa peine.

Quittant le pont
Il se hissait vers la coupée.

Dans la brume
Il cherchait les images d’autrefois….

En ses longues nuits
Au fond du noir cachot…
Ses geôliers
Pensaient avoir noyé ses rêves
Anéanti tous ses espoirs.

Il avait lutté
Jours et nuits
En silence…..
Pour seuls amis
Les cafards et les rats.

Seul
Il levait le poing
Clamait la liberté
La beauté de la vie
Espérant la lueur du jour….
Fut-ce t’elle grise.

Ses yeux s’emplirent de soleil
Et il grimaçât à l’ouverture de la trappe.

Cet instant si attendu
Lui brûlait maintenant
La chair et les pupilles.
Ses bourreaux ricanaient
Le poussant vers l’échelle.
Entravé…
Il finirait bien par tomber !

Il grimpait
Grimpait encore
Encore
Encore plus haut……

Les chants des oiseaux
Le bruit des vagues
Les embruns sur sa peau
Autant de baumes
A ses plaies béantes.

Le vent déjà dissipait la brume
Il aperçut les arbres
Les collines
Reconnut dans les nuages
Les visages qu’il aimait.

Comme ses geôliers étaient petits
Ridiculement petits….
Vus de là-haut
Comment avaient ils pu
Lui faire si peur…

Quand il toucha le haut du mât
Quand l’horizon lui offrit
Tout le beau,
Il hurla une poésie
Ode à la vie
A l’amour
A la paix.

Plus bas les hommes raillaient
Vociféraient
Laids de haine
Et de vulgarité.
Mais il ne les entendait déjà plus.

Ses pieds nus saignaient.
Du bout de son doigt tremblant
Il recueillit son sang,
Traça sur sa poitrine
Un cœur rouge,
Porta à ses lèvres
Un peu de ce liquide
Rouge et visqueux…
Dont il n’aima pas
La chaleur et l’âpreté.

Il ouvrit les bras
Doucement
Sans peur…..
Il riait…

Dans une gerbe d’eau
La vague l’engloutit…..

Dans la mature des bateaux
Les jours de vent
Ecoute…….
Si la sagesse t’habite
Ses fers et son rire tu entendras……

Ah, te revoilà avec tes textes tellements touchants !!
Encore une fois, je suis projetée dans la scène et j'entends son poème...

Bravo Mam'selle !!!

J´aime ces mots qui rendent à l´être toute sa dignité et j´essaierai, un temps, d´être sage puis j´écouterai et attendrai son rire. Merci Dyane.

Tant de gens découvre la liberté au moment de leur mort... Embarassed

Un texte très touchant ma Dyane, comme tu sais nous en gratifier...

Ton Aldminou

» "Vous les femmes, vous mon drame..."
» Vous souvenez vous demoiselle
» Vous entendez vous ?
» Sur l'esquif bleu.
» Où l’horizon flamboie.