Peuple, où est ta raison de vivre ?
Ouvre ton coeur, maudit la nuit !
Comme un enfant sans aucun livre,
Tu t'abrutis dans ton ennui.
L'horizon pur de ta jeunesse
N'est pas celui de l'océan.
Vois de tes yeux toute l'ivresse
De ton bonheur sans un forban.
Plus de Moïse ou d'abbé Pierre
Pour te faire croire à la bonté.
Même Jésus, dans ta prière,
Se croit permis d'être exempté.
Homme riche de ces misères
Et malheureux comme Tristan,
Ton amour fuit comme poussières
Dans un grand vent désenchantant
Relève-toi, et tout droit, marche!
Pas de barrière sur le chemin!
Va travailler ! Construit cette arche
Du nouveau monde au ciel carmin!
Car la victoire n'est pas sans peine
Dans le chaos taché de sang.
Que meurent les bêtes humaines
qui ont ruiné tant d'innocents !