pierre wattebled Capitaine
Nombre de messages : 909 Age : 79 Localisation : 73410 La Biolle Loisirs : Ecriture, lecture, musique, randonnées cyclistes et pédestres, pétanque Date d'inscription : 30/10/2008
| Sujet: DELIRE Mar 1 Juin - 20:24 | |
| DELIRE !
Que d’étranges réflexions, parfois ! L’heure tardive est-elle propice à leur survenue ? A moins que ce ne soit la vigilance qui baisserait la garde ? Bref, ce soir là, j’en étais à me resservir une énième tasse de café- chez nous, au nord, on dit une-tasse-de-jus ; ma grand-mère utilisait ces cafetières anciennes qui traînaient des heures durant sur un rond de poêle ; après l’avoir moulu à l’aide d’un moulin à main, qu’elle tenait serré fermement entre ses genoux, elle en versait la poudre- à laquelle elle ajoutait quelques grains de chicorée- dans une sorte de chaussette qui, de fait, servait de filtre, tout cela pour obtenir un bon jus-de-chaussette, un café léger presque clair et délicatement parfumé. Décidément les souvenirs viennent sans cesse m’embrouiller, me disperser !
Donc, j’étais assis devant ma tasse de café, à presque minuit passé. Rien à voir avec le –jus-de-chaussette de grand-mère : le passé n’est plus que légères crispations quand un sentiment revit une lointaine émotion ; le présent domine quoi que nous fassions. J’avais passé trop d’heures devant l’écran de mon computeur à m’exploser les yeux dans une lave de pixels, c’eût été l’heure de baisser le rideau et d’aller me reposer. Une raideur sournoise allait me garroter, mon inconscient demandait grâce comme si le sommeil eût été mortel. Lutter, tenir, tenir encore, boire ce nectar qui me tiendrait peut-être. Tout a une fin, n’est-ce pas ?
Le piège était déloyal : la torpeur me gagnait insidieusement et je nageais dans une sorte de vacuité où le pire comme le meilleur étaient possibles et aléatoires.
Je jetai deux sucrettes dans la tasse, et cela produisit un tourbillon de mousse; ce tourbillon muta bientôt pour de multiples formes que je pris plaisir à identifier. Dans mon enfance déjà, couché dans les herbes hautes et mâchouillant un brin de chiendent, je me livrais à ce jeu en observant la lente dérive d’énormes cumulus crémeux.
Puis les formes moururent successivement : tout change, rien ne se perd tout se transforme. Tout de même jusqu’à une certain point. Et voilà justement ce que l’esprit débridé peut atteindre. D’accord, je fis une sauvegarde, histoire de pouvoir retourner au point de départ, sensé représenter la réalité raisonnable. Mais comment aurais-je quitté des yeux ce point qui diminuait à-vue-d’œil au centre de la tasse ?
Le noir l’absorba, peut-être en eût –il été de même dans le blanc du lait, dans l’ambre du thé : le point s’effaçait pour disparaître totalement. Tant pis ! A l’impossible nul n’est tenu ! La chimie et la physique s’étaient associées dans cette forfaiture, je n’avais plus qu’à m’effacer moi-même, sans renâcler, mais jusqu’à quel point ? Je revendiquais déjà une alchimie salvatrice…La peur enfante de la souffrance. Et si je pouvais la jeter dans le noir du café, la réduire à un point rapidement invisible : l’infime et le rien. Ou presque. Combien de souffrance ne pourrait-on pas supprimer dans l’âme et le corps des humains.
Je me mis à raisonner par l’absurde, ou peut-être à délirer davantage.
Pareillement, me dis-je, si nous prenions la souffrance comme « point » de départ, en acceptant l’idée que ce dernier puisse au contraire suivre une logique inverse et se dilater considérablement, ne serions-nous pas happés par son incontrôlable volume, à un stade tel que le point, la souffrance, l’âme, l’esprit y seraient confondus. Perdus dans un océan de lumière, ou consumés par un rayon infime. Effet de loupe ou immersion ? Voilà où ma pensée vagabondait entre le refus et l’acceptation de l’infiniment grand et petit quand une étoile vint se poser, je crois sur mes lèvres tremblantes. Et la nuit me berça dans l’insouciance.
Pierre WATTEBLED – le 1er juin 2010 | |
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comte de l'isle abel Capitaine
Nombre de messages : 554 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: DELIRE Jeu 3 Juin - 21:41 | |
| ton questionnement a impulsé une reflexion qui me tient depuis hier, mais je n'ai pas le temps de m'étendre ce soir . Mais j'aimerais te parler d'Hegel (la phénomenologie de l'esprit)et la loi du monde inversé et la loi du coeur, sur l'infini (grand et petit), la théorie des neurosciences sur la loi de la spirale. Lorsque que l'on s'éloigne de l'Ego pour explorer les mondes profonds de l'abstraction ,il faut utiliser des mots précis et evocateurs pour l'interlocuteur (qui a besoin de former des images dans son cerveau pour suivre la pensée abstraite de l'émetteur) . je crois que la tasse de café n'est qu'un support pour passer au travers du miroir (aller plus loin que soi et tendre vers l'universalité)... je reprendrai cet échange dès que j'aurais plus de temps. Au plaisir de partager ton DELIRE!
Dernière édition par comte de l'isle abel le Mer 9 Juin - 19:53, édité 1 fois | |
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Le Gardien Pirate des 7 mers (ADMIN)
Nombre de messages : 3367 Age : 1012 Localisation : Sur les toits... Loisirs : Vous surveiller !!! Date d'inscription : 18/12/2006
| Sujet: Re: DELIRE Ven 4 Juin - 10:50 | |
| J'ai aimé ton....tes pensées, plutôt qu'un délire...! Il n'y a rien de délirant à penser et à faire voyager son esprit ! même si c'est un peu à la façon Tim Burton !!! Continues !!! penses !!! rêves !!! Vis !!!! Le Gardien | |
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