En marchant sur la rive

En marchant sur la rive
Vagabond matinal
Je vois au ciel de l'eau
Des fleurs dans les nuages
Et le jour qui arrive
Là-bas, sur le canal
Transporte tout un lot
De sublimes images

Je vais, je pérégrine
Au fil des eaux chantantes
Je demeure envoûté
De rais et d'auréoles
Qui dessinent, burinent
Des formes exaltantes
Qui vont alimenter
D'ensorcelants symboles

Sur l'onde qui palpite
De fantasmes, de mythes
Des gerbes d'étincelles
Fabriquent des tesselles
Qui flamboient, qui rutilent
Révélant des substances
Dégageant des essences
Enivrantes, subtiles

De l'amont à l'aval
C'est tout un festival
Mais le climat s'embrume
Se charge d'amertume
Le vent siffle à tue-tête
Sa lugubre tempête
Je découvre Ophélie
Gisante, ensevelie

Et je pars en dérive
Un plafond automnal
Prend tout le ciel de l'eau
De ses épais nuages
Et la nuit qui arrive
De son sombre canal
Transporte tout un lot
De funèbres images

Mais, dès le lendemain
Par le même chemin
Un nouveau jour se lève
Me voilà dans un rêve
Où l'eau coule lustrale
Et je quitte la berge
Lentement, je m'immerge
Dans cette eau baptismale

Emerveillé, j'avance
Dans un lait de flanelle
Dans un lait maternel
Dans un bain de jouvence