Ambiance lourde et pesante
Dans ce train à l'arrêt
Depuis plus de deux heures
A n'avoir comme seul paysage
Que le reflet de mon visage
Sur une vitre noire.
Dans ce tunnel retenus,
Nous sommes otages
D'une banale panne électrique.
Les uns sont afférés à pianoter
Sur leurs portables sourds.
Tandis que d'autres s'observent
Du coin de l'œil.
Me vient un sourire
En repensant à la phrase
Que je t'ai dite sur le quai
« allez ! Ne fais pas cette tête
Je vais revenir, le train ne va pas dérailler »
Et cette voix qui, à intervalles réguliers
Annonce :
« N'ayant plus aucun contact avec l'extérieur,
Nous ne pouvons vous indiquer la nature
De l'incident, vraisemblablement électrique.
Merci de bien vouloir patienter. »
Quelle drôle d'idée...que faire d'autre !
Sortir une feuille et figer ces instants sur le papier.
Regarder autour de soi.
Une galerie
Des bagages
Peu de vêtements, il fait si beau en ce jour d'octobre 2005.
Mon voisin qui n'arrête pas de se balancer sur son siège en soupirant.
Heureusement l'allée centrale nous sépare.
Une jeune femme blonde qui tourne et retourne les pages de son magazine.
Un jeune homme, costume brun finement rayé, s'agace, dit que c'est inadmissible,
Cherchant l'approbation des voyageurs qui restent muets.
Si je ne me retenais, je lui demanderais
Si il veut échanger sa place en première classe
Contre un endroit du monde
Où règne la guerre ou le chaos,
Si il est sous des trombes d'eau
Ou des tonnes de gravats !
Si il va dormir sur un coin de trottoir
Le ventre tiraillé par la faim !
Mais je préfère me taire
Et sourire à la petite mamie
Qui me regarde avec un air tellement complice
Que je me demande si elle n'a pas deviné mes pensées
Et ce que je suis en train d'écrire.
La voix annonce enfin
« Le train va repartir dans quelques minutes
Le TGV Dijon Paris aura trois heures de retard, un contrôleur passera
Répondre à vos questions ».
Un brouhaha de soulagement s'élève.
Chacun se réinstalle au fond de son siège.
Le train redémarre.
Les portables s'activent.
La vie reprend son droit après cette courte parenthèse.
Je souris à la petite mamie.
Et je pose mon crayon.
Une simple parenthèse - octobre 2005
(Illustration Monet-La gare Saint-Lazare)