La pluie frappait les carreaux et des larmes baignaient ses yeux. Les lignes du livre devenaient floues.
Elle ferma les volets, se retourna….Le livre s’était lui aussi refermé.
Vidée, épuisée, elle se fit couler un bain, y versa quelques gouttes de santal….Elle éteignit la lumière et alluma des bougies. Elle mit de la musique douce et s’allongea dans l’eau.
Les Yeux fermés, elle sentait ses cheveux flotter et l’eau arriver au bord de ses tempes, sur ses joues, son menton. A chaque respiration sa poitrine immergeait de la mousse.
Elle ne comprenait pas pourquoi vingt-cinq ans après, ce livre avait ainsi réveillé en elle, en une phrase tous ses détails. Elle est restée là, jusqu’à ce que l’eau devenue froide la fasse grelotter et sortir de ses songes. Elle enfila son peignoir pour rejoindre son lit.
Sur le carrelage, les traces de ses pieds doucement s’effaçaient tandis que déjà le sommeil l’emportait.
Sur le guéridon, le manuscrit était pris de soubresauts. La couverture tentait en vain de se soulever.
Curieusement sa nuit fût douce et elle ne s’éveilla point, comme à son habitude. Le radio réveil commençait à égrener les nouvelles du jour et revenait sur les faits marquants de la veille.
Elle aimait ce quart d’heure qu’elle volait au temps, au chaud sous sa couette.
Sept heures…Elle enfila son peignoir de soie, remis de l’ordre dans ses cheveux et descendit prendre son petit déjeuner.
Un véritable rituel que ce premier repas de la journée.
Alors qu’elle allait préparer son plateau elle jeta un coup d’œil au guéridon…
Le livre était de nouveau ouvert