Je voyais

Je voyais les cheveux de la nuit
Je voyais les arbres s'agiter
Dans le soir
Et tendre leurs branches nues
Pour enlacer le vent de l'automne
Je voyais des rochers têtus
Frissonner et frissonner encore
Au petit jour
Quand le soleil envoyait ses brouillards
Nettoyer plaines et collines
Je voyais de larges prairies
S'agiter doucement
Et reprendre toutes en coeur
De lentes mélodies
Et des lieder
Des lieder enchantés
Je voyais
Dans la brume de juillet
D'étranges ondins
Sortir de l'eau
Se recoiffer vivement
Et partir en quête de coeurs
A conquérir
Je voyais de jeunes pucelles
Juste vêtues de voiles et de gaze
Danser sous la lune
Puis se livrer à de délicieux sabbah
Sous l'oeil complice
De leurs mères Walkyries
Je voyais des usines de grisaille
S'agiter sous le souffle rauque
Des hommes qui s'engouffraient
Dans son flanc rouge-brique
Je voyais de hauts murs onduler
Sous la caresse de nos regards
Hantés de soleil
Je voyais des cavaliers de la nuit
Sortir des brumes et forêts
Et s'élancer vers les vallées
Où dormaient de sages villages
Aux toits gris et doux
Je voyais dans la nuit
Des yeux de braise rougeoyer
Comme charbons ardents
Et sur la plaine dévastée
Monter les plaintes des damnés
Je voyais des ruines et des ruines
Des murs qui pendaient vers le ciel
Et des réverbères
Aux veines arrachées
D'où jaillissaient
Des flots de bière tiède
Je voyais des violons
Aux archets déchaînés
Pleurer de longues plaintes
Sous des mains invisibles
Dans de larges clairières
Baignées de soleil
Je voyais des rouges
Et des ciels orangés
Se mêler peu à peu
Puis s'ennivrer de tonnerre
Je voyais des femmes
Aux larges cuisses
Se tordre de désir
Sur des draps étincelants de sueurs mêlées
Je voyais des navires antiques
Toutes voiles dehors
Voguer sous les tropiques
Je voyais des hommes
Courbés sous le fouet et sous leurs chaines
Inventer LA musique
Je voyais des enfants blonds
Marcher et sautiller
Le long des allées de cimetières
Et souffler en riant
Sur des fleurs de pissenlits
Je voyais des beffrois
Têtes dans les nuages
Crier des scènes horribles
Par dessus les toîts
Et je voyais mon visage
Dans un vieux miroir à la dorure écaillée
Et je voyais
Dans mes yeux
Des choses infernales
Que je vous dirai encore.

Bonjour,

J'ai bien aimé ce que je voie à travers de tes yeux. Je pense tout du moins que ton texte aurait été plus vivant encore écrit au présent, non ?

Citation :

Et je voyais
Dans mes yeux
Des choses infernales
Que je vous dirai encore.

Et je vois
Dans mes yeux
Des choses infernales
Que je vous dirai encore.

Comme ça on a l'impression que ta découverte continue et que tu nous la conteras au fur et à mesure...Et non que l'histoire est déjà finie pour ta part et que tu vas chercher loin, au fond de ta mémoire pour nous ressortir tes impressions. Au présent: en utilisant toujours je vois; nous aurions eu l'air de vivre la chose presque en même temps que toi, presque en parallèle non?

En tout cas le rythme court est bien choisi, et les métaphore aussi. J'aime bien l'idée du "miroir" quand tu vois dans tes yeux. Ta référence au fantastique avec les walkiries, les sirènes ect...Nous donne une impression d'exotisme, de voyage qui nous laissent rêveur et c'est vraiment agréable

J'ai bien aimé

Merci pour ton partage