Là des embruns de peur se heurtent à ma raison,
des lunes s'interdisent et l'orient m'échappe,
dans le grisé des mots on glisse une oraison,
sur mes rêves lointains se referme une chappe.
La rouille de l'espace est parcellée enfin
mais il est bien trop tard, les minutes mollissent
je suis dans ce néant des monstres qui ont faim,
où le sang d'un nuage emplira mon calice.
L'acier devenu dieu envahit mon esprit,
à quoi bon ferrailler, défendre mes pensées ?
L'ordinaire est ailleurs et n'en vaut pas le prix,
payé par tous les maux, les peines compensées.
Ma peau est faite argile où mon coeur est combat,
j'ai repeint le futur au bleu de métylène,
laissons les océans aux peuples qu'on abat
dans des relents d'angoisse au goût d'acétylène.
qui est fou de nous deux dans ce monde incertain ?
Il n'est plus de prophète à l'allure outrancière
ni même de reflets dans les glaces sans tain
arrêtez les flonflons, éteignez les lumières.