MERCI A DYANE DE NE PLUS ME REPONDRE !
Je vais tenter de vous raconter une vieille histoire en vous disant que c'est un "roman" ainsi je ne serai pas attaquable sur les erreurs que mes vieux souvenirs risquent d'apporter...
La Maria Van Reebeck, premier sous-marin de type Daphné vendu et armée par nos soins pour son premier équipage Sud-Africain, se reposait momentanément sur un quai de la base sous-marine de Kéroman à Lorient...
Alors avec un vieux pote, nous nous sommes retrouvés avec trois semaines de perme devant nous, pas d'amantes attitrées à l'époque, nous nous sommes dit : ils louent des voiliers, si nous allions faire un tour jusqu'aux Antilles ,
Déjà marins formés, lui plus que moi (BS Bosco) que j'avais connu deux ans auparavant et qui nous servait aux manoeuvres quand nous rentrions à Kéroman...
Sitôt dit, sitôt fait !
Alors par un soir de fin d'été Breton nous mîmes le cap au large !
Je ne vais pas être trop technique sur la manoeuvre des voiles, pas intéressant pour ceux qui ne savent pas...
Sur un bateau quel qu'il soit, il faut de la complicité, de l'esprit de partage et aussi un minimum d'endurance ! Il faut aussi aimer la mer ou alors s'embaucher chez Renault (ça y embauchait là, à l'époque)...
Nous avions envie de "pénérer" totalement dans "ce vieil océan" avec fougue, détermination et bonheur, autrement, vaut mieux rester sur le bord d'une plage...
La première nuit fut presque un cauchemar, avec la navrante envie de faire demi-tour... Puis mon "Bosco (je l'appellerai ainsi dans ce que je tente d'écrire ici) me dit : "t'as pas de couilles" mon sous-marinier !
Provocation suprême ! Tope là répondis-je ! Tu vas pas me la "faire à l'estomac" !
Alors l'Atlantique pour pour ceux qui ne savent pas, il peut être "clément" mettre deux, trois, quatre jours à changer, puis quand il se "fâche" gare aux apprentis, aux néophytes !
Sur un voilier pas trés grand, la chose est quasiment la même que sur les plus importants, suivre les remontées au vent, revenir au cap, sans cesse avoir l'oeil en veille, surtout la nuit; la vie en mer n'a rien à voir avec nos habitudes "terrestres" quels que soient les navires sur lesquels vous êtes...
Chose étonnante, j'ai dû "m'amariner" comme presque tous les marins quand j'ai commencé à naviguer, mais sur un voilier, je n'ai jamais eu le mal de mer ! Je ne sais pas en dire plus sur ce sujet...
Nos moyens de navigation à cette époque (le GPS n'existait pas encore) étaient ceux de la vieille marine; mon Bosco savait se servir d'un sextant, en exploiter les calculs nécessaires qui en découlent pour faire le point et se positionner en longitude, latitude, cela semble compliqué, il faut savoir c'est tout !
J'avais assisté bien des Officiers de quart sur nos sous-marins pour ça, puis quand vous avez "le pied à l'étrier"" c'est autre chose...
Il fallait aussi penser à "la gamelle" se rationner, l'eau, les vivres, pas si anodin que vous puissiez le penser, mais là aussi, c'est l'expérience de la vie en équipage, en commun, qui se retrouve !
J'ai toujours aimé faire la cuisine et mon Bosco, m'en a je crois, fait l'éloge...
Combien de fois, combien de terreurs en croisant ces grands navires qui nous ignoraient ! Normalement d'après les réglements maritimes, un navire à hélice, doit manoeuvrer et laisser la priorité à un voilier ! Hélas, pas vrai, ils s'en foutent et d'ailleurs ils ne peuvent pas, comment un super tanker peut-il se dérouter pour laisser passer un petit voilier que souvent il n'a même pas vu ?
Souvent les nuits sont glacées ! Le vent coupant comme un diamant ! Mais il faut tenir, laisser le copain se reposer, car ensuite ce sera son tour et ainsi de suite, ceux qui ont navigué le savent, je tente d'expliquer pour les autres...
Alors vous pourriez me dire : pourquoi y êtes vous allés, alors que vous pouviez passer votre perme à guincher en cherchant des filles ? Ben oui, c'est comme ça, un temps pour chaque chose, si vous ne pouvez entendre l'appel du grand large, vous ne saurez jamais...
Un matin nous avons senti la chaleur, une fausse chaleur d'ailleurs, mais un changement de température, c'est certain...
Dans les vents alizés, c'est autre chose, il faut être vif sur la barre, ça vire vite, mais ça enivre ! vous ne pouvez savoir combien cela exalte...
Nous avons ravitaillé en un petit port dont j'ai oublié le nom (je préfère) et ce fut le retour, nous n'avions pas deux mois devant nous, non plus !
Comme à mon habitude, je ne fais pas toujours cent pages de mes récits, là, je vous ai conté l'essentiel, sans entrer dans ce que peut être je vais regretter ensuite, mais, de vous dire simplement pour terminer "homme libre, toujours tu chériras la mer"...