La sagesse.
A vingt ans t’es pur sang un cheval qui galope
Mais passé soixante ans seules les aiguilles trottent
Le pas devient traînant chaque jour un peu plus
Brutalement ton regard se trouve en tête à tête
D’un narcissique miroir pas du tout alouette
Tu malaxes ton visage en sens dessus dessous
Ma jeunesse, aujourd’hui, me fait mal de partout.
Je voudrais l’inverser cette maudite glace
Elle m’envoie le reflet d’un côté toujours face
Ça fait bien cinquante ans qu’on vieillit et qu’on joue
Se coiffer devient dur j’ai les bras qui fatiguent
Même peigné de mon mieux quelque chose m’intrigue
Par derrière mes cheveux je ne vois pas le trou
Il grandit chaque jour, un peu plus, entre nous.
On n’efface pas le temps comme on gomme les rides
Car le temps te rappelles à son éphéméride
Il creuse chaque année un peu plus de sillons
En ton corps défendant d’un besoin esthétique
Offre lui le bonheur des produits cosmétiques
Des implants pourquoi pas après mûre réflexion
Chacun a le droit de franchir son Rubicon.
Moi je souffre d’un naturel à lacer mes chaussures
La retraite c’est vraiment la naissance de l’usure
J’ai perdu en souplesse du côté des genoux
Il faut donc profiter du reste qui fonctionne
Se servir de ses mains maîtres d’œuvres des neurones
Dégagée des contraintes la vie elle vaut le coup
Ma jeunesse d’esprit, elle me soigne de tout.
On découvre sur le tard qu’on a des goûts d’artistes
Une envie quelque part de prouver qu’on existe
Modeler des regards ciseler des mots doux
L’écriture au plus fort c’est sûrement viscérale
Difficile de parler des choses qui font mal
De poèmes en verdicts mon estomac se noue
Mon style est tout public je ne fais pas de jaloux.
Il faut retraiter les os usés ?