Une étrange danse

Un rêve bien trop violent
Pour être offert à tous les vents
Hurle et habille le silence
Du haillon d'une obscure danse.

Le ballet de moi avec moi
Rugissait d'étranges envies,
Tu t'étonnas que notre émoi
T'empêchait de saisir nos vies.

Tu n'y vis rien que notre forge
Glacée, bien morte à elle-même,
Alors que tous ses coins regorgent
D'étranges tissus que l'on sème.

Un pas exécuté à gauche,
C'est d'un fil l'amour qui s'ébauche,
Un pas exécuté à droite,
C'est, d'une manche, l'âme qui boîte.

Belles ondulations que celles
Trouvées dans cette sombre pièce,
Nous sommes de nous l'écuelle
Qui se charge de nos détresses.

Un amour naissant et changeant
Nous unit peut-être, l'un à l'autre,
Vêtus de nos désirs brûlants,
Pour moi et pour toi, le seul autre.

Un amour si froid, infini,
Duquel je comprends tous les mots,
J'y peux cueillir les fleurs jaunies
De mes pensées sur toi, si beau.

Si beau que l'eau gèle tes pieds,
Et t'offre ton éternité,
Quand c'est de l'instant que tu nais,
T'embellis, puis deviens fané.

Voilà ce que tu es, présent
Quand je te vois, proche quand je
Te pense, à jamais différent
De n'être à toi-même qu'un jeu.

Toi, le mystère de mes rêves,
Qui cris alors que je me tais,
Tu ne me laisses aucune trêve
Tant que le pas n'est achevé.