L'enfant de brume.

La brume est là, la brume t'attends...Et comme chaque nuit, je me glisse vers elle, tout doucement pour ne pas l'effrayer. Je la respire, la laisse chatouiller mes narines puis s'enfouir dans mes poumons. Je suis comme elle. Invisible, fragile, faite de vent, de légers crachins, de petits bouts de pluies, et de chagrin. A cette brume nocturne, je raconte mes solitudes et mes silences. A cette brume-là je conte mes songes diurnes, mes nuits de jour agitées. Le soleil clos mes yeux et l'obscurité les ouvre, malgré moi...Je fuis l'aube et cours après minuit: ma liberté, mon unique liberté et ma prison.

Jolie brume qui vogue au creux des rues désertes...Brise gracile, trop fragile pour vivre à la lumière; les passants te piétinent, les rayons te transpercent..Brume, jolie brume je t'aime pour ta tristesse qui est mienne, pour notre chagrin tout pareil. Je chante, je joue, je ris et je pleure comme tous les enfants...Mais aucun écho ne me répond, aucun regard ne m'aime ou me hait....Il n'y a aucun regard...Le soleil te brise, le soleil me brûle...Jolie brume de nuit, sonne l'aube, tu meurs et je m'enfuis...Je suis un enfant de l'ombre, un enfant de la lune, un enfant de la brume.