pierre wattebled Capitaine
Nombre de messages : 909 Age : 80 Localisation : 73410 La Biolle Loisirs : Ecriture, lecture, musique, randonnées cyclistes et pédestres, pétanque Date d'inscription : 30/10/2008
| Sujet: Le colombier dans sa beauté glacée Mar 20 Jan - 18:23 | |
| LE COLOMBIER dans sa beauté glacée.
Les brumes glissaient mollement au cœur des vallées endormies : n’avaient-elles pas trop longtemps retenu la vérité de l’aube et son illusion première ? La beauté blesse toujours avant d’envoûter, dés lors qu’elle darde puissamment ses flèches en plein dans nos pupilles.
C’était un matin ordinaire à l’heure de l’émerveillement : les brumes hivernales délivraient maintenant le sommet du Colombier dans sa beauté glacée ; sur le versant nord soudain dénudé, les sapins saupoudrés perpétuaient noël : une féerie étincelante autant que silencieuse ; on eût dit un paysage de carte postale que mon regard ne cessait d’embrasser
Pourtant, je le savais, juste avant que le pas de l’homme ne marquât son empreinte, les sentiers quasiment originels étouffaient le silence lui-même ; le Colombier cocoonait son territoire, imposait ses distances, comme si l’eût voulu préserver, au moins quelques temps, son aspect virginal.
Pourtant, là-bas, je l’imaginai tout à coup, un oisillon chantait : il s’était enivré à l’allégresse d’un rayon de soleil. Plusieurs fois, il tendit sa gorge le bec grand ouvert ; sa joie rebondissait d’écho en écho, d’une combe à l’autre, reprise ici et là par d’autres petits becs. Cependant, et malgré cela, on eût dit que rien n’eût pu faire taire le silence impavide dans lequel je m’immisçais, me remémorant une promenade au cours de laquelle cette même émotion m’avait surprise.
L’oisillon chantait toujours. Plus fort, peut-être : la branche, qui le portait, lâcha son lourd fardeau de neige en un plouf sourd et profond. Apeuré, un écureuil fauve jaillit dans un jet de poudreuse. Une brise imperceptible bouscula des baies d’un rouge vif, émergeant d’un lit de broussailles et de ronces que le givre recouvrait, et dont les cristaux argentés faisaient une parure étincelante sous le soleil nouveau.
Puis l’oisillon s’envola avant que je ne me lasse et que l’émerveillement ne soit fondé à rejoindre le temps ordinaire des instants éphémères.
C’est vrai, jouir de la plénitude en contemplant la beauté donne l’impression de la posséder, mais il n’en est rien ; l’âme de l’homme aspire intuitivement à la profondeur des choses, à la magnificence, à cette part dont il serait partie prenante bien qu’il la sache inaccessible : l’envie exacerbe le désir, et le désir redéfinit l’absolu.
Peu à peu, les brumes reprirent possession des lieux et ma méditation se tut. L’azur d’un bleu limpide fut vite dévoré. Mais l’émotion indélébile demeurait en mon âme pour toujours.
Pierre WATTEBLED - Le 20 janvier à 11 heures 30 | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Le colombier dans sa beauté glacée Mar 27 Jan - 7:29 | |
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