Aux Coeurs Des Amants par Lumière Action !
Un oiseau survola Bourgogne avant de venir tournoyer au-dessus de la tête de Alinou. Celui-ci se mit à chanter doucement, puis de plus en plus fort, mais cessa de peur d'être ridicule. Il leva la tête, rêveur, et observa les nuages... celui-ci ressemblait à une rose. Celui-là à un coeur... Sans comprendre, il fut face à la porte.
Il frappa énergiquement. Des pas se firent entendre, et une voluptueuse voix chanta:
- Qui est là?
- C'est Alinou! Répondit celui-ci.
- Je ne connais aucun Alinou! Dit la voix.
Il y eut un silence.
- C'est toi, Dyane? Fit Alinou.
La porte s'ouvrit soudain:
- Mais oui c'est moi, mon Alinou! Je t'ai bien eu.
Il allait protester, mais elle ne lui en laissa pas le temps:
- Entre, dit-elle.
Arrivé au salon, Alinou s'assit dans un fauteuil et soupira. Puis il fixa Dyane. Celle-ci était debout près de lui. Lui tremblait d'émotion. Elle, ne disait rien. Il se leva, s'approcha d'elle.
- Dyane...
Elle détourna la tête.
- Dyane, répéta-t-il.
Alors elle le regarda. Au moment où leurs regards se croisaient, leurs lèvres se touchèrent.
- Euh... bredouilla Alinou.
Mais les mots ne venaient pas... alors Dyane passa sa main derrière la nuque de son ami, et l'embrassa. Cela dura une éternité. C'était la première fois qu'ils ressentaient une telle émotion, et ils ne s'arrêtaient plus.
Puis lorsque les premières étoiles scintillèrent dans leurs yeux épuisés, leurs lèvres se quittèrent. Comme deux plongeurs en apnée, ils reprirent leur souffle en même temps que leurs émotions.
Plusieurs minutes s'écoulèrent. Puis Dyane poussa un soupir qui résonna dans la pièce comme une brise sur l'océan. Alinou en profita pour articuler, le coeur battant:
- Je t'aime.
Son amie le regarda.
- C'est vrai?
- Depuis maintenant quatre longues années que nous nous sommes rencontrés, je voulais que tu saches que tu es mon premier amour. Le premier et le dernier.
- Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Dyane. Personne ne pourra remplacer ton si affectueux sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne n'imite aussi bien que toi le cri du cochon. Personne ne connait l'histoire de Bourgogne aussi bien que toi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais coquine. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon coeur.
- Embrassons-nous encore... souffla Alinou.
Ils s'embrassèrent donc. Au loin, on entendait ''Sea Sex And Sun'' de Gainsbourg. D'où cela venait-il? Quelle importance, du moment que c'était là. Bientôt, la musique, l'amour, les entraînèrent dans un tourbillon sans fin. Il n'y avait plus de plafond, plus de mur. Bourgogne était loin. Ils virent passer un cannabis, au dessous d'eux. Puis deux. Maintenant, ils étaient sur la mer. Ils frissonnèrent... était-ce le vent qui s'était levé et qui faisait frémir un peu leur peau? Quelques nuages voilèrent le ciel. A mesure que les notes s'envolaient, la musique devenait de plus en plus belle, et le ciel de plus en plus gris. On se serait cru dans un tableau de Picasso. Des larmes de joie dans la voix, la musique jouait. Quelques gouttelettes de pluie vinrent alors troubler cet océan, tels des pizzicatos que le vent sifflant emportait au loin avant de les renvoyer à la figure des amoureux. Après quelques instants les gouttes grossirent, s'écrasant lourdement sur la surface de l'eau. Dyane, que la folie saisissait, se voyait shooter au milieu des éclairs... Plus la musique jouait plus le temps s'agitait, plus le ciel s'assombrissait, plus les vagues grandissaient, se brisant bientôt contre leurs pieds dans une explosion d'écume crépitante, poussées par des bourrasques assassines... leur baiser dansait sur cet air tourmenté, cet océan symphonique, cet opéra dramatique, les vagues étaient à présent immenses et la pluie tranchait le ciel plus sombre que la plus noire des nuits, c'était affreusement grand et terriblement beau, si beau que ça faisait mal, la musique hurlait sa douleur, de plus en plus fort, les notes tourbillonnaient, le vent devenait tornade, les vagues devenaient rouleaux, les amants tournoyaient, autour de leurs bouches, autour de leurs mains... et tout s'arrêta soudain.
- Notre mariage a été la plus nulle idée de notre vie, murmura Dyane.
- Je suis bien d'accord avec toi...
Ils restèrent ainsi toute la nuit à se regarder dans le blanc des yeux. Parfois, ils s'embrassaient. Parfois, ils parlaient.
- Ne me quitte jamais, disait Alinou.
- Je ne te quitterai jamais. Tu es bien trop gentil pour que je te quitte, répondait Dyane. Tu es l'opposé de la bêtise, de la brutalité... tu vaux bien plus que ce rustre de Rebel. Je ne sais pas comment j'ai fait pour lui trouver du charme.
Et ils s'embrassaient. Puis ils s'embrassaient une nouvelle fois.
Ils s'embrassèrent pendant des heures. Des jours. Des années. Si d'aventure vous ne croyez plus à l'amour, sachez qu'en ce moment même ils s'embrassent quelque part.
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pas la tête!!! pas la tête
:fleurs: