Il est des pays anodins
Où l’on crève les tripes à l’air
Sans y manger le moindre pain
On y meurt là comme à la guerre
Les charognes s’entassent frêles
Formant des monts qui nous appellent :
« Epleurés par la mort
De nos tristes consorts
Donner nous quelques sous
Pour enterrer les fous
Qui sont mort de faim
Sans un bruit : rien de rien! »
O silence malsain!
O violence d'airain!
N'y a-t-il aucun homme
Pour donner une pomme?
Humanité, chose vaine!
C'est bien là la triste peine
De ces hommes ventres vides
Qui meurent pâles et livides
Quand nous autres les nantis
Nous baffons jusqu'à la lis...