Je rêve de mes grandes ailes déployées
Ayant pour seul maître le vent.
A mes pieds, les bruyères ensoleillées
Rivalisent dans une palette de roses et de violines.
Timidement les genêts saupoudrent d'un jaune doré
L'épais tapis parme.
Seuls les genévriers d'un vert pastel et mat
Donnent du relief à cette paisible plaine
Qui m'enveloppe.
Doux parfum du thym.
Cris des mouettes au lointain.
Je rêve de mes grandes ailes déployées
Lorsque des vents d'est en ouest, je me jouais.
Du nord et du sud les hommes venaient
Chargés de blés noirs et dorés.
De ma lourde meule les transformaient
En farine douce et poudreuse.
Je pleure mes grandes ailes déployées.
Le vent n'entend plus mes rêves et mes tourments.
Je ne suis plus qu'un cylindre coiffé de chaume
Dont on a fait une simple et inutile demeure.
Je pleure mes grandes ailes déployées.
Et je rêve qu'un soir de grand vent,
La brume m'habille de longs voiles blancs
Que je ferais doucement tourner
Je rêve mes grandes ailes déployées