Printemps, vous avez dit Printemps?
Paris s'éveille, Paris est en fête. Un grand soupir de tendresse monte
de la capitale, un long murmure de désir colle à ses rêves, et la vie se
ramasse à grandes brassées de joie.
J'ai mis pour la première fois une robe sans manteau, laissé aussi mes
jambes nues, et des regards se sont glissés sur ma peau, surpris comme
s'il s'agissait là d'une grande impudeur.
Voir les premiers bras dénudés, les premiers tissus multicolores, les
robes légères qui dansent dans l'air comme des papillons, ressemblera
toujours à une renaissance.
Dire, sans se lasser, comme se délasse un corps lassé, les premiers
émois, redécouvrir les regards denses, les frémissements imperceptibles,
et se laisser guider par eux pour une danse maladroite.
Dériver vers ses rêves, voir et sentir les jours qui s'allongent, le
ciel plus léger et plus haut, le soleil dévoilé comme un instant
d'éternité.
Oublier l'hiver, le corps prisonnier, les jambes gainés de Lycra, les
bonnets disgracieux où s'enfouit avec colère la morosité d'un gris
insigne.
Tout redécouvrir du désir d'aimer.
Au parc, les cris des enfants sont gais comme une cloche de récréation,
les manèges tournoient sur des chevaux de bois, les hommes marchent sur
leurs yeux et les femmes se parent.
Attendent, révélées. L'amant qui vient , leur cœur à corps.
Plus besoin de Pomme, le paradis est enfin là.