Je me suis réveillée ce matin
avec un rayon de soleil dans les yeux, éblouissement brutal où le cerveau se
remet en service, bateau amarré encore bercé par les vagues de la nuit lorsque
les petits hublots s’ouvrent pour laisser passer le vent, sentir les embruns et
entendre le cri des mouettes. Court instant de brumes fraîches avant que le
voile ne se déchire et ne révèle ce début de journée qui pourrait être comme
toutes les autres, mais voilà …
Un petit mot bref change parfois le cours de la vie. Je devrais dire un seul mot ! parce qu’un «
petit mot », dans le langage courant,
n’est autre qu’une succession de mots, généralement un texte comportant le sujet,
le verbe et parfois un complément d’objet direct ou indirect ou une proposition
subordonnée.
Ce résumé, en principe, comporte quelques informations
essentielles destinées à celui ou celle qui va le lire à son réveil ou à son
retour.
-«
Je suis partie faire les courses, retour vers Midi … » par exemple ou …
-«
N’oublie pas que l’électricien vient en fin d’après-midi » …
Le «
petit mot » est aussi qualifié de «
billet doux » lorsque l’on trouve dans sa poche
ou sur le pare-brise de sa voiture, un papier plié soigneusement et qu’après
l’avoir déplié tout aussi délicatement, nos yeux lisent non sans surprise :
-«
Vous êtes si jolie, Mademoiselle, que je pense à vous chaque jour »
… ! A moins qu’un «
je t’aime » n’ait été griffonné tôt le matin sur un morceau d’enveloppe que l’on découvre sur la table de nuit, cri d’amour jeté comme un au revoir pressé, pour ne pas réveiller l’être aimé, avec le regret au fond du coeur de ne pas avoir osé l’embrasser, de peur d’interrompre son repos.
Les mots ont cet avantage de ne pas vouloir dire tout à fait la même chose selon la place qu’ils occupent, la tournure de phrase et le ton employé.
Un mot écrit n’a pas la même incidence qu’un mot prononcé.
Une fois couché sur la papier, il semblerait que son poids augmente.
Il peut être interprété différemment par le lecteur, d’où parfois,
des incompréhensions surprenantes générant disputes ou vexations …
et l’auteur de la prose incomprise de dire :
- «
mais ce n’est pas du tout ce que je voulais dire …tu as mal compris … »
C’est ainsi que d’un «
petit mot », on passe «
aux grands mots »
sous l’emprise de la colère,que le ton monte, disputes, querelles,
et que l’un des deux dit «
un mot plus haut que l’autre »,
rupture garantie, amitié fichue, amour détruit …
les mots ne sont donc pas anodins. C’est sans doute pour cela que pour aider nos amis bloggeurs,
le net a inventé les émoticônes aux sourires béants
afin de préciser au lecteur qu’il s’agit d’humour
avant même qu’il ait pu lire la phrase avec cet agaçant « Hi Hi Hi » dont certains
abusent allègrement, de peur de n’être pas compris.
Nos mots sont listés d’ailleurs sur des centaines de pages dans nos dictionnaires,
avec leur définition propre, les expressions diverses et variées
dans lesquelles le « mot » prend un sens particulier, leur origine,
latine et grecque en majorité,
les bases de notre langue française, en quelques sortes !
Les racines sont déclinées en noms, verbes, adjectifs et adverbes,
encore faut-il avoir la curiosité de parcourir ces listes innombrables,
leurs synonymes servant à éviter les répétitions lassives d’un même mot
dans le rédactionnel d’une lettre, d’un texte ou d’un poème.
Les « mots » peuvent aussi faire oublier les maux :l’écriture, le roman, jouer avec les alexandrins ou s’amuser de la rime …
et bien sûr, là, je vous souris avec ce «
jeu de mots »,
facile et bien souvent utilisé par beaucoup d’entre nous.
«
Ecrire un mot » engendre la tendresse inconsciemment,
rédiger une lettre est plus conventionnel, officiel, solennel.
L’adjectif « petit » ajoute encore un peu de douceur contrairement au mot « gros »
mais qui ne connaît pas les «
gros mots » ?
Les nuances de notre langue sont donc nombreuses. Glisser un «
mot à l’oreille » sous-entend la confidence, le chuchotement, la notion de secret
alors que les «
mots croisés » ou les «
mots fléchés » se rapportent aux jeux de l’esprit,
ce qui n’a bien évidemment rien à voir avec le«
mot d’esprit »
relatif à l’humour, au sel et à l’intelligence mise au service d’une analyse rapide et souriante.
L’enfant qui débute sa lecture en lisant «
mot à mot »
s’applique à haute voix dans la découverte de tout ce vocabulaire
étalé sur une page de livre entre deux images, il tente de respecter la ponctuation,
le rythme de la phrase, afin de nous montrer qu’il comprend tout
alors qu’il déchiffre chaque syllabe avec peine sans même s’écouter une seule fois.
Mais, lorsqu’il relèvera la tête, libéré de tous ces signes noirs,
il lira le bonheur et la fierté dans les yeux attendris de ses parents.
Je me suis donc réveillée ce matin avec un rayon de soleil dans les yeux,
n peu trop tôt à mon goût, avec un concert d’hirondelles devant ma fenêtre.
Les chiens étaient déjà dehors donc, la porte avait déjà dû s’ouvrir sans bruit.
Ce fut le premier indice.
Dans la cuisine, la cafetière allumée sentait bon le café chaud et nouvellement passé,
une tasse trainait encore sur l’évier, la valise noire n’était plus sous l’escalier :
Deuxième indice.
Encore un peu dans bercée par les vagues de la nuit, je choisis de me servir une tasse
avec deux sucres, comme à mon habitude et de sortir sur le chemin dominant mon vallon
pour suivre la courbe du soleil entre les arbres.
Sur le parking, seuls ma voiture et le vieux 4X4, .. la Rover avait disparue :
Troisième indice.
Je finissais donc tranquillement de faire pénétrer en moi cette source chaude de caféïne
nécessaire et obligatoire pour commencer une nouvelle journée
avant de me lancer à la poursuite des autres indices
dont le sens m’apparaissait d’ailleurs «
à demi-mots » !
Les chiens sur les talons, à la recherche d’une caresse,
parce-que les chiens parlent aussi à leur manière,
« s
ans dire un mot », je regagnais la maison.
Une porte d’armoire entrouverte laissait entrevoir un ou deux cintres vides :
Quatrième indice.
Puis, j’entrais dans la salle de
bain où je n’eus pas besoin de chercher la brosse à dent.
Le cinquième indice s’étalait en rouge en travers du miroir :
Son «
dernier mot » .
Alors, pour vous donner enfin «
le fin mot de l’histoire »
parce-que je suis sûre que vous voulez savoir, j’ai lu,
écrit avec mon rouge à lèvres, un simple mot court et bref,
en grosses majuscules : CIAO !
Je ne suis pas persuadée qu’il vous faille absolument
un «
mot de passe » pour comprendre, ni le dictionnaire Franco-Italien …
Il y a donc des mots qui se comprennent dans tous les pays du monde.
Sauf que ce matin là, il était vraiment un peu trop tôt.
Jeu 2 Juil - 21:59
