la lettre au centre de la table était posée,
là-même où le verre d'eau, un cercle avait laissé.
Il lui semblait que le fin papier frémissait
Mais c'est elle, fébrile, qui des yeux ne le quittait....
Il est de ces instants où tout va qui trésaille
Tel par souffle au printemps la feuille et la broussaille.
La douce agitation qui la tenait encore
Chantait l´aliénation d´où, tout est à éclore.
Combien de temps resterait-elle les mains à plat
Sur ses cuisses, comme punie de crime de péculat
Retenant ses larmes et avalant sa salive
N'osant le bras allonger jusqu'à la missive.
Elle avait attendu, dans cette confiance
Qu´a un cœur suspendu à son impatience,
Ce fil au précipice qui donne le vertige
Par le bel exercice de la haute voltige.
Quand un rai de lumière à ses yeux a offert
Des éclats mordorés pour encercler le vert,
Son regard s'est porté bien au-delà d'ici
Elle découvrait enfin là où était sa vie.
Ailleurs ! Vers lui ! Là-bas ! En cet inaccessible,
Sublime contrebas d´un œil à l´impossible,
L´amour n´étant si fait de ce sublime allant
Que rien ne contrefait son intouchable élan.
la lettre au centre de la table était posée,
là-même où le verre d'eau, un cercle avait laissé.
Elle a tiré la lourde porte derrière elle.
La trop belle évidence s'envole à tire d'ailes.