La nuit est étoilée mais pourtant orpheline
De sa divine bulle à l´éclat flavescent,
Qui d´habitude flotte là-haut et illumine
L´univers qui se voit par elle incandescent.
UN camaïeu de gris, si doux porte à l´émoi.
Les ombres et les voix, des regards étonnés,
Abandonnés ainsi, sans leur mauve de soie
Qu´étend fébrilement la belle Selené
Mais le ciel ne brille plus que de son absence
Au grand ballet des astres dont elle est la lanterne
Eteinte semble-t-il et mettant au silence
De Pan divine flûte tant l´univers est terne.
Seuls luisent les yeux aux songes éperdus
Découvrant là, enfoui aux heures crépusculaires
Le naturellement beau des corps offerts et nus
Cherchant dans le noir ce que la lune n'éclaire.
Et tout se fait silence, entre mystère et vertu
En cette étrange nuit où ne vient plus le chant
Du vent en les feuillages qui soudain se sont tus,
Délaissés de leur blonde veilleuse se cachant.
A l'aube, des buis s’éveillent frémissantes caresses
Lascives et douces, abandonnant toute rancune
A ce qui fit de cette Nuit enchanteresse
O mais qui donc, dites-nous a volé la lune ?
Un bienheureux enfin nous l´aura décrochée,
Son bonheur bien en poche il fait le monde terne
Sous la voûte céleste qu´il aura écorchée
Et un poète pleure son aimée lanterne.
Mais sont-ce le jour ou la nuit qui font l’amour
Eternité ou simple instant de doux plaisir ?
L’astre clair en son absence attise le jour
Qui se lève et flamboie en flammèches désirs.