Elle a éclaté de rire.
- « Mais…Je n’ai pas de vacances et Nicolas est trop petit….Tu es folle »
- « Non ! Je suis vivante ! »
- « Oui Annie, je vois, j’entends ! Mais …. »
- « Je n’ai pas le temps je te dis – Je vais crever tu entends – je vais crever »
Elle la regardait et le vert de ses yeux avait subitement terni. Et tandis qu’elle essayait de comprendre, Annie berçait doucement le nourrisson en lui murmurant
- « Je ne te verrai jamais grand tu sais ! »
Elle embrassa l’enfant, le remit dans son lit puis vint se réfugier dans ses bras et pleura longuement. Leurs sanglots se mêlaient, leurs mains caressaient leurs joues pour en chasser les larmes.
- « On va se battre Annie, on va se battre »
- « Leucémie ma belle ! Je suis infirmière. ..Ils ne me la feront pas. Tu ne me laisseras pas dit ? »
Elle la serra dans ses bras et il était inutile qu’elle réponde. Elle savait qu’elle serait là.
- « Comme j’aime ce champs de neige où nul n’a encore posé son pied, comme j’aime la vie ! Comme j’ai peur et suis en colère de savoir que bientôt je ne verrai plus tout cela ».
Derrière elles les traces de leurs skis et de la luge sur laquelle était sanglé le petit Nicolas.
Les jours passaient….Ses cheveux tombaient. Les rires de Nicolas, les jouets de Nicolas, les sourires de Nicolas…Cet enfant avait pris toute la place dans ses souffles de vie.
Une première greffe. Un espoir….Puis une autre. La chimio. Ses souffrances, ses joies étaient siennes. Ses peurs, ses révoltes aussi.